HISTORIQUE DU PARLER MARSEILLAIS

Publié le par Manon

 A Marseille, on écrit le français, on comprend la français, mais on ne PARLE pas le français ; jamais, ô grand jamais, on ne s'aventurerait à parler " pointu ", comme on dit ici " ça marque mal " ! C'est un registre réservé aux Parisiens, ces grands nordiques envahisseurs qui se prétendent de La Capitale (à Marseille, le Nord commence au dessus d'Avignon).

 Depuis la disparition de l'empire Romain, la langue parlée sur nos terres était le Provençal (qui a succédé au latin) - autant dire que ça ne date pas d'hier ! - ce jusqu'à ce que ces môssieurs de Paris, soucieux d'harmonie (ou d'hégémonie) obligent les enfants Provençaux à parler le Français de France ; c'était pas hier mais presque: c'était au début du siècle. Alors, les Marseillais apprivoisèrent peu à peu, avec beaucoup de malice, cette " nouvelle langue venue d'ailleurs " avant d'en faire la leur. A court de vocabulaire, ils ont du " marseilliser " un grand nombre de mots venus de Paris, " franciser " des tournures grammaticales Provençales, ou encore, transformer carrément la signification initiale d'un mot. Il est nécessaire d'ajouter que le Provençal n'est pas et n'a jamais été un patois, il s'agit d'une langue à part entière, qui s'est constitué une grammaire quand le Français, encore balbutiant et hésitant n'avait encore établi que des lexiques (c'est à dire des équivalences de mots latins avec des mots plus ou moins semblables dans les différents dialectes du nord : les langue d'oïl) . Le Marseillais, qui est une " façon de parler " assez récente (malgré les apparences) découle donc de deux langues distinctes et codifiées : Le Français " académique " relativement fixe à partir du XVIe siècle et le Provençal, l'une des plus anciennes " lingua materna " (c'est à dire langue gallo-romane), ce n'est pas, à proprement parler, une " déformation " du français moderne, mais plutôt une " adaptation ".

 L'écriture de cette langue est plus simple que le français : on prononce toutes les lettres (comme dans la plupart des langues romanes dont l'Espagnol ou l'Italien). Tout ici est dans l'accent qui peut être à la fois tonique, tendre, gouailleur, amusé, claironnant… l'accent écrit est mis sur la voyelle à appuyer, c'est on ne peut plus simple : par exemple, gàrri, se prononcera " gààaari ", balètti se dira " balèèètti "… Généralement, les mots issus directement du Provençal ou de l'Italien seront accentués sur l'avant dernière syllabe (comme l'illustrent les deux exemples précédents) ; les mots français " marseillisés " seront accentué, comme tous les mots français, sur la dernière syllabe mais lorsque celle-ci est un " e " muet comme ils l'appellent là haut, le Marseillais aura tendance à le souligner et l'accentuer plus encore, de plus, le Marseillais n'aimant pas les rencontres de certaines consonnes, il les sépare avec une voyelle, qui se trouve être souvent le fameux " e ", comme dans le cas de " peneu ". enfin, il faut savoir que les " o " sont toujours ouverts (sauf exceptions)et que le graphème " ai ", se prononce " é ", on ne rentre pas à la " mèson " mais à la " méson " et on ne dit pas " il me regardè " mais " il me regardé ".

 Mais le mieux, c'est de se laisser porter par l'accent chantant des Marseillais, sans tenter de trop l'analyser, essayez, vous verrez, ça vient tout seul !

Après vous avoir donné rapidement l'historique de cette langue, je mettrai un ou 2 mots par articles édités dans les prochains.

Publié dans Le parler Marseillais

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